La force de l'exemple: 3 jeunes tunisiens, héros extraordinaires d'une action citoyenne ordinaire
La force de l'exemple: 3 jeunes tunisiens, héros extraordinaires d'une action citoyenne ordinaire
La force de l'exemple: 3 jeunes tunisiens, héros extraordinaires d'une action citoyenne ordinaire
La force de l'exemple: 3 jeunes tunisiens, héros extraordinaires d'une action citoyenne ordinaire
La force de l'exemple: 3 jeunes tunisiens, héros extraordinaires d'une action citoyenne ordinaire
La force de l'exemple: 3 jeunes tunisiens, héros extraordinaires d'une action citoyenne ordinaire

La force de l'exemple: 3 jeunes tunisiens, héros extraordinaires d'une action citoyenne ordinaire

Ils s'appellent Omar et Mehdi. Elle s'appelle Hana. Ages: 25, 27 et 28 ans.

Mehdi est diplômé de comptabilité, il a roulé sa bosse dans des tas de formations sur des tas de choses allant de la méditation à la gestion des exploitations agricoles , poussé par une curiosité sans limites. Quand on lui demande ce qu'il veut faire comme métier, il dit " je suis entrain de me chercher". Omar est styliste de mode "hommes", il déborde de créativité et pas que dans la mode. Il jouent souvent au foot ensemble. Deux grands copains. Deux jeunes tunisiens comme il y en a des milliers: un peu paumés, un peu désabusés, un peu déboussolés par l'après-révolution, très déçus par le carnaval qui sert de politique au pays, un peu sans visibilité sur l'avenir et un peu sans illusions, mais en même temps, extraordinaires d'humour, de "tanbir" à la Tunisienne, de joie de vivre, de force physique, de vitalité et d'inventivité. D'envie d'y croire quand même.

Hana a 25 ans. On ne sait pas grand chose d'elle. Elle a juste vu de sa fenêtre le groupe qui participait à l'action " Je nettoie ma rue et je la maintiens propre" à Menzah 9B le 28 Février 2016 et l'a rejoint spontanément. Elle est repartie, une fois le travail fini, dans la plus grande discrétion, comme elle était venue.

Pourquoi ces trois là représentent-ils la force de l'exemple?

Parce qu'ils ont fait le choix assumé de nettoyer la pagaille des autres. Parce qu'ils ont abattu chacun un travail équivalent au travail de trois de nous autres quinquagénaires. Dans la bonne humeur, dans la joie. Et dans le plaisir de la découverte de leur puissance de citoyens dans une action se passant les pieds dans la tourbe et dans les monceaux de déchets laissés là ...par d'autres. D'autres "citoyens" ( méritent-ils cette appellation?) qui ont choisi d'être pollueurs, indifférents, négligents... des "citoyens" d'un quartier plus que nanti où la moindre villa vaut son pesant d'or et où certains garent la Mercedes à coté du tas d'ordures sans y trouver la moindre contradiction ni éprouver la moindre honte.

Mehdi et Omar ont certainement entrainé dans l'exemple Hana, une riveraine qui ne nous aurait peut être pas rejoints tant nous faisons "vieux" et peut être intimidants.

Mehdi et Omar qui déclarent au journaliste venu les interviewer sur leurs motivations dans cet acte de nettoyage "Il y a des soldats qui se battent contre les terroristes, nous sommes aussi des soldats de ce pays. Nous nous battons à notre manière" et Mehdi, d'ajouter avec un petit sourire: "Personnellement, cette action a changé ma façon de voir et changera mon comportement et ma mentalité : je réfléchirai deux fois avant de jeter le moindre bout de papier dans la rue".

Pourquoi ces trois là représentent-ils pour nous, l'espoir de lendemains meilleurs?

Une jeunesse désabusée? Une jeunesse qui s'en fout? Une jeunesse qui n'aime pas son pays? On aura accusé cette jeunesse tunisienne de tous les maux! Non ! Nous avons une jeunesse à la recherche de l'exemple et qui veut elle même servir d'exemple.

Omar dira ceci, dans un post sur sa page personnelle, à ses amis jeunes, et que nous avons partagé sur la page du groupe "On a été embêté pour vous" et qui nous a émus jusqu'aux larmes:

" En fin de compte et tout compte fait, pour nous sortir de la crise, il faut qu'on commence à nous concentrer et à bouger pour que le centre ville soit le plus bel endroit dans la république, parce que le centre ville est le miroir de la Tunisie. Arretons la saleté, l'incivilité, le manque de respect, les braquages, les contrefaçons....Il faut que les mentalités changent: des tunisiens propres, civilisés, avec le sourire, la correction.... achetons du local, demandons plus de centres culturels, de cinémas, de bibliothèques... Avec ça , petit à petit, beaucoup de choses changeront et les tunisiens commenceront à se respecter à s'aimer les uns les autres. avec la culture et le tourisme les choses bougeront et petit à petit nous avancerons de Tunis à Tataouine... Avant d'agir, je n'avais pas de rêves pour mon pays, je n'avais pas d'espoirs.... ".

Et Omar ne s'est pas contenté de statuts sur facebook. A la première occasion qui s'est présentée après cette profession de foi, il s'est joint à l'action citoyenne " je nettoie ma rue et je la maintiens propre" dans son quartier.

Ces jeunes-là ont tout un programme pour leur pays, pour peu que nous les laissions exprimer leur puissance et leur force. Pour peu que nous ne leur donnions pas l'exemple de "vieux" qui s'étripent pour les postes ou les honneurs. Pour peu qu'ils soient convaincus de notre sincérité envers eux et envers le pays. Ils ne demandent qu'à y croire et qu'à agir.

Voilà ce que nous apprendra cette 7ème édition de l'action " je nettoie ma rue et je la maintiens propre" : continuer de croire en la jeunesse de ce pays. Continuer de croire en ce pays, jusqu'à notre dernier souffle.

Neziha Gouider-Khouja

29 Février 2016

@copyright Le Journal d'un Groupe Citoyen Tunisien 2016

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