Les Embêtées mènent l'enquête au Zoo du Belvédère: constats et démenti. Par les Administrateurs du Groupe OAEEPV
22 sept. 2017Ce cochon du Vietnam, pris en photo le 20 septembre 2017 par nous-mêmes, est manifestement bien nourri, la panse ventrue. Il fait sa sieste. Il n'est ni souffrant, ni sans forces, ni mal nourri. Et pourtant, certains l'on dit ainsi à propos d'une photo prise le 17 septembre!!! POURQUOI? (Zoo du Belvédère, Tunis, 20.09.2017) © OAEEPV Groupe pour la Nouvelle Culture Citoyenne en Tunisie.
De nombreux partages sur notre page citoyenne, et d’autres, ont défrayé la chronique de cette semaine concernant un ours au zoo du Belvédère, décrit comme étant en piteux état, déprimé, maltraité, poussant les uns et les autres à demander la fermeture du zoo, sa privatisation et je ne sais quoi d’autre…. La photo de cet ours couché sur une pierre a aussi fait le tour des médias. Waw! c’est du sérieux.
Plusieurs citoyens nous ont sollicité en tant qu'admin pour faire quelque chose en faveur de ces animaux.
Mais nous n'agissons jamais en faveur de quoi que ce soit ou contre quoi que ce soit sans vérifier le problème et nous assurer de l'information ... C’est donc poussés par la curiosité et aussi par devoir citoyen, que les Admins de OAEEPV décident de mener leur propre enquête citoyenne. Nous trouvons bizarre que tout le monde réagisse, écrive, documente, ou alimente facebook à partir d’une seule et unique photo et d’un seul témoignage…).
Je suis la première à prendre la direction du zoo ce matin du 20 septembre.
J’arrive, il est 9h05. Je me poste devant l’entrée et en attendant ma co-Admin, j’organise mes idées; on a bien lu: ours maltraité, cochons du Vietnam en piteux état, quelques poubelles ajoutées sans plus, mauvaise gestion, maltraitance…
Entre temps, les stands des vendeurs de kaki, barbe à papa, jouets et autres finissent de s’installer, la foule afflue, parée de ses plus beaux atours. La place est propre, le soleil radieux.
L’heure tourne, ma co-Admin, aux prises avec son emploi du temps, n’est toujours pas là. Je commence seule ma visite. Il est 9h30. Les panneaux à l’entrée indiquent le plan du zoo et aussi son histoire. Un peu d’émotion quand même accompagne cette visite: enfant, c’était ma sortie préférée avec mes frères et mes parents. Je regarde autour de moi et j’observe chez les enfants le même plaisir de la découverte de ce parc que nous avions alors.
Le jardin est bien entretenu, les allées sont propres et les cages, les enclos ou les espaces bien balisés. Des pancartes ici et là appellent au respect de la quiétude des animaux ou à utiliser les poubelles. Le personnel est bien visible et vaque à ses occupations. Plusieurs toilettes publiques sont mises à la disposition du public et lors de mon passage, j’ai constaté leur nettoyage ou leur maintenance.
Tout en flânant, je visite par acquis de conscience toutes les allées et tous les coins et recoins de ce lieu mythique. Je m’arrête à toutes les cages et à tous les enclos. La propreté des lieux m’interpelle là aussi. Je découvre des animaux habitués au contact avec les humains, curieux ils s’approchent des barreaux, ou des barrières et attendent des kakis ou d’autres offrandes, ou bien continuent imperturbables leur toilette, leur repas ou leur sieste.
Tout est propre et soigneusement entretenu. Pourtant il est 13h et il y a foule. Le zoo de Tunis est agréable à visiter, net, clean, tout sauf l'image du mouroir, du parc de torture animalière que certains veulent donner de lui. POURQUOI? (Zoo du Belvédère, Tunis, 20.09.2017) © OAEEPV Groupe pour la Nouvelle Culture Citoyenne en Tunisie.
Je remarque des chats dans les fourrés et je suis même amusée de voir trois chats jouer avec 3 renards dorés à travers le grillage. Juste à coté, je trouve enfin mon ours, l’objet principal de ma visite. Il est 10h. C’est un jeune mâle. Il est étendu, apathique, il s’étire. Je m’approche un peu et me penche au dessus du garde corps, et là je découvre dans le bassin un animal plus imposant, la tête relevée dans ma direction, humant l’air. Il lève les bras vers moi d’un geste amical et sollicite une largesse. Je l’observe amusée, et je ne peux m’empêcher de regarder aussi l’autre animal qui commence à bouger, s’assoit et hume l’air avec un peu de retard. Plusieurs enfants avec leurs parents s’approchent de l’enclos et jettent du pain aux ours et des kakis. Celui dans le bassin en reçoit le plus; le plus jeune en hauteur sur le sol essaye d’attraper ce qui tombe à coté de lui. Je les laisse avec les enfants et je continue ma promenade, m’arrêtant ici et là.
Zoo du Belvédère, Tunis, 20.09.2017 © OAEEPV Groupe pour la Nouvelle Culture Citoyenne en Tunisie.
J’arrive aux otaries, des sièges de pierre sont aménagés en amphithéâtre pour nous permettre de les observer entrain de faire leur show. Pour l’instant, elles se prélassent, l’une à même la cascade, les deux autres plus bas sur le béton. Je laisse les enfants s’extasier sur le spectacle et je grimpe des marches qui mènent vers la cage du tigre. Majestueux, il est dans son enclos étendu à l’ombre.
Zoo du Belvédère, Tunis, 20.09.2017 © OAEEPV Groupe pour la Nouvelle Culture Citoyenne en Tunisie.
Je continue ma route et tombe sur un enclos où, de la route, je vois un corps étendu, noir, immobile. Quoi! Un animal mort! Les yeux fermés assaillis de mouches, un cochon nain à la face ridée (plus connu sous le nom de cochon du Vietnam) git au soleil sur son flanc. En m’approchant du muret, je constate que d’autres animaux sont là, immobiles, cette fois sur leur ventre, en boule, le groin au sol. Curieuse, je cherche à mieux comprendre ce qui se passe, et je remarque qu’en fait, cet enclos est une espèce d’aire rattachée à une autre située plus à ma gauche. J’observe aussi une femelle allaitant sa portée dans un coin à l’abri des regards, bien en-dessous du muret et bien loin du reste des animaux. Il faut bien se pencher pour les voir. J’avance donc pour découvrir toute une tribu de cochons dans un enclos où il y a des mangeoires, divers espaces abrités, une auge pleine d’une eau boueuse. Il y en a de toutes les tailles et donc de tous les âges. Ceux-là mangent sans prêter attention à ce qui se passe autour d’eux; des petits se chamaillent. Les plus forts bousculent les autres. Je remarque chez certains, d’étranges tâches sur le crin, qui a une couleur un peu particulière, noir à gris. En voyant un jeune boire et patauger dans l’auge, je comprends que ces tâches viennent de leur bain et correspondent à des traces de boue. Je les observe un long moment. Je reviens vers la droite pour voir les autres cochons. L’arrivée bruyante d’une famille les réveille; le père demande à ses enfants de s’éloigner de ces animaux avec un peu de véhémence: « Ces cochons puent!». Je souris, en mon fort intérieur je remarque: «moins que les cerfs et autres specimens du genre que j’ai croisés plus bas». Donc nos fameux cochons réveillés par le bruit, ont bougé et se bousculent maintenant pour aller vers les mangeoires, d’autres ont envahi cette aire de droite… je cherche des yeux le fameux cochon que j’avais cru mort… il n’est plus là, mêlé à la foule, il est parti se sustenter. La femelle allaitante est toujours bien à l’abri du reste, dans son coin d’ombre, gardant ses petits. Il est 10h10.
Zoo du Belvédère, Tunis, 20.09.2017 © OAEEPV Groupe pour la Nouvelle Culture Citoyenne en Tunisie.
Zoo du Belvédère, Tunis, 20.09.2017 © OAEEPV Groupe pour la Nouvelle Culture Citoyenne en Tunisie.
Et là par acquis de conscience, je décide de revenir vers les ours. Que font ils à ce moment de ma visite? Il faut se frayer un passage pour arriver au garde-corps et trouver une petite place d’où je peux observer maintenant les deux ours dans l’eau, allant avec beaucoup de nonchalance d’un coin à un autre pour ramasser ce que les gamins leur jettent, ou pour se vautrer dans l’eau. Je repars donc et repasse devant les cochons pour finir ma visite. Un bref coup d’œil me donne une autre configuration de leur distribution spatiale. Cette tribu prolifique a vraiment la bougeotte.
Deux rhinocéros croisent mon chemin, immobiles, chacun dans son enclos. Je les interpelle dans un murmure: je vois à chaque fois leurs oreilles bouger. Un peu plus loin se trouvent quatre espaces mitoyens, chacun comportant un bassin. De l’eau coule dans le premier bassin propre et vide où une pancarte annonce un hippopotame. Un hippopotame baigne dans le second. Les deux autres sont vides. Deux ouvriers s’activent dans le 4ème espace. L’un nettoie au karcher le mur où on voit des traces du passage de l’animal, l’autre collecte le crottin dans une brouette.
Je poursuis ma visite. Les allées sont toujours propres et les poubelles présentes dans les moindres recoins tous les 4 mètres en enfilade; elle sont aussi présentes de part et d’autre du chemin. De temps à autre, je rencontre un sac en papier blanc plié, jeté par terre par des visiteurs nonchalants. Au détour d’un chemin, une famille installée sur des bancs prend une collation; bien que la poubelle était à portée de main, juste à côté du banc, les flacons de yaourt à boire, les emballages de biscuits et les serviettes en papier sont jetés dans le parterre derrière le banc...
Je suis surprise d’arriver à la cage des félins. Facebook m’avait laissé entendre qu’il n’y en avait pas… De superbes spécimens prennent le soleil dans les deux premières cages. Dans la troisième, un ouvrier nettoie le sol à grand jet d’eau. Enfin juste à côté dans un enclos plus spacieux, une lionne et un lion se manifestent leur tendresse à l’ombre d’un arbre. La promenade se poursuit, d’autres animaux et d’autres sources de curiosité.
Vers la fin, je trouve à l’ombre d’un ficus géant une aire de jeu où les gamins escaladent une structure en acier, et des bancs ainsi qu’une concentration incroyable de poubelles. Malgré cela, j’observe sous un banc l’emballage d’une tablette de chocolat, et dans le bac de sable des sacs de papier blanc; peu nombreux il faut le préciser.
L’envie me prend d’utiliser une des nombreuses stations qui jalonnent le parcours, faites de bancs avec quelques fois des tables, à l’ombre des arbres. Je suis frappée par la quiétude des lieux malgré la foule, les enfants excités. Ce sentiment je l’ai vécu partout dans le parc.
Zoo du Belvédère, Tunis, 20.09.2017 © OAEEPV Groupe pour la Nouvelle Culture Citoyenne en Tunisie.
Zoo du Belvédère, Tunis, 20.09.2017 © OAEEPV Groupe pour la Nouvelle Culture Citoyenne en Tunisie.
Zoo du Belvédère, Tunis, 20.09.2017 © OAEEPV Groupe pour la Nouvelle Culture Citoyenne en Tunisie.
Il est bientôt 11h, ma co-Admin, avec qui je suis restée en contact téléphonique est toujours occupée. Je décide donc de rentrer avec des images plein les yeux et des mots plein la tête; la caméra de mon portable ne fonctionne pas. On décide qu'elle viendra prendre les photos plus tard. Finalement, elle arrive au moment où je m’apprêtais à démarrer.
Il est 11h. Je reprends donc allégrement le chemin du zoo et je fais faire à mon amie, le tour des lieux en partageant mon expérience. Elle s’extasie autant que moi devant tout ce qui m’a frappé. Elle prend des photos, des séquences vidéos. Je revois, et on capture tous les animaux dans d’autres séquences de leur vie. Les ours ont toujours autant de monde. Cette fois le plus jeune patauge dans l’eau et fait son show. Le plus vieux est déjà en haut, il cherche la meilleure posture pour faire son somme. Il soulève un moment la tête en direction de la caméra et s’affale pour se reposer de sa baignade. Les otaries sont maintenant dans le bassin et s’amusent comme des folles. Le tigre est maintenant en action, faisant le tour du propriétaire. La tribu de cochons vietnamiens est aussi capturée dans un autre moment de vie ; beaucoup d’entre eux sont déjà en sieste bien à l’ombre alors que d’autres continuent à glaner dans les mangeoires ou à patauger. Les ouvriers continuent à nettoyer au karcher le parc à hippopotame ; ils sont maintenant dans le 3ème espace. On croise un petit tracteur avec 3 employés qui ramassent le contenu des poubelles. Les lions ont changé de place dans leurs cages respectives, et dans la cage qui vient d’être nettoyée, se trouve maintenant un jeune félin.
A la fin de notre visite, nous demandons à rencontrer un responsable pour lui poser des questions pour assouvir notre curiosité et celles des autres Embêtés. On nous indique l’administration, et nous voilà reparties pour un autre tour du zoo, le responsable n’étant pas dans son bureau mais en tournée dans le parc. J’abandonne la poursuite alors que ma co-Admin, d’un pas allègre part à la recherche de ce monsieur, accompagnée par un agent de sécurité.
A la sortie, il est bientôt 13h. Je suis encore frappée par un contraste saisissant; le parc est plein de poubelles; la place devant le parc et les environs n’en ont pas.
De toute évidence, de visu, nous avons constaté que les rumeurs colportées par facebook sont fausses. Donc:
- L’ours se porte bien. Il n’est pas à l’agonie.
- Les cochons du Vietnam se portent bien aussi et sont très prolifiques.
- Le parc est propre et bien entretenu et aux normes (avec rampes pour handicapés, etc.)
- Les allées sont propres et des poubelles, dans les moindres recoins à environ tous les 4 mètres, permettent de collecter les bouteilles, emballages et autres.
- Les agents du parc sont omniprésents. Ils entretiennent le parc, maintiennent les locaux, nettoient les enclos et les toilettes publiques.
- Les citoyens dans leur grande majorité respectent l’espace; l’éducation reste quand même à faire pour certains. Mais, en ce jour de fête, c’était vraiment une minorité.
- Les enfants et les familles savourent avec beaucoup de bonheur leur promenade et s’y préparent en mettant leurs plus beaux habits. J’ai été aussi surprise de voir une grande majorité du public respecter les animaux.
- Outre le fait que le Parc du Belvédère est le seul poumon de Tunis, j’ai découvert avec plaisir des enfants s’extasier avec autant de plaisir de la diversité de la faune et du contact avec tous ces animaux.
Alors que se passe-t-il donc?
- Comment expliquer autant de propos appelant à la fermeture d’un parc qui fait le bonheur des citoyens et de leurs jeunes enfants?
- Est-ce une intox innocemment initiée par un(e) observateur qui a tiré des conclusions hâtives? Ou bien est-ce une intox propagée dans le cadre d’une campagne de désinformation ou plutôt de propagande? Ou bien est-ce un militantisme sans foi ni loi ?
Nous nous étonnons de voir autant de personnes et surtout, des journalistes, reprendre et relayer deux photos et un statut facebook, sans avoir même mis les pieds au zoo ni mené une contre-enquête. Citons parmi ces journaux: Highlights.com, Leaders, Réalités.
Certains con-citoyens appellent même à remplacer la visite du parc par l’achat de peluches et la vision de documentaires animaliers. De quoi rester bouche-bée!!!
Tout cela pue le fric, le manque d’éthique, l’absence de déontologie, et la manipulation de masse.
Nous invitons tous ceux qui s’inquiètent pour les animaux de ne même pas nous croire sur parole malgré la large documentation de la vérité que nous fournissons: nous vous invitons à aller vérifier par vous même.
Mais de grâce ne soyons pas des beni-oui-oui, des marionnettes manipulables: soyons des citoyens responsables et qui ont leur mot à dire. Pour cela, nous devons rester fiables, intègres et non-influençables.
20 septembre 2017
Les Admins de OAEEPV
© Copyright Le Journal d'un Groupe Citoyen Tunisien, 2017