FOUTEZ NOUS LA PAIX. Par Raya Ben Guiza-Verniers

Après les attentats, les arrestations abusives, la répression aveugle, les chocs nombreux - trop nombreux - de ces derniers jours, à peine cinq ans après la révolution. La colère et la rage montent !

Je ne sais plus comment agir ou réagir avec justesse face au raz de marée pestilentiel qui déferle sur la jeunesse et la population tunisiennes. Je cherche comme vous une manière d'exprimer calmement mon refus d'adhérer au "nouvel ordre moralisateur" qu'on essaye de nous imposer. J’en ai assez d'avoir à habiller mon cœur du noir du deuil, j'en ai assez d'attendre que des dirigeants prennent les décisions qu'il faut, assez de voir les injustices, les abus, la saleté, les inégalités, la pauvreté, la corruption… Je ne veux pas vivre dans le culte de la mort, des interdits, de la répression, mais dans celui du savoir, de la liberté et de l'amour de la vie.

Comme vous tous, je ne suis pas dupe : je vois et je reconnais les stratégies de la peur, ce monstre froid et protéiforme : Terrorisme, obscurantisme, radicalisme, intégrisme, wahhabisme, salafisme, archaïsme, nationalisme…

Non, je n'ai jamais souscrit à ces litanies macabres qui nous contraignent à préférer à la sobriété heureuse, le tout sécuritaire et le confort de l'antichambre d’une mort programmée, car la vie de mes semblables m’importe plus que ces projets de sociétés rétrogrades, aveuglées, assourdies et bâillonnées.

Je n’irai pas manifester dans les rues car nos cris passés ont fini par ramener du purgatoire les vieilleries incontinentes de l’histoire…

Désormais, je porterai un brassard blanc car aujourd'hui c'est l'unique bannière à laquelle je veux me rallier : Les emblèmes de mon pays ont déjà été confisqués, trahis et sacrifiés sur l'autel des ambitions personnelles. Je porterai un brassard blanc pour exprimer mon rejet de ces visions politiques dépassées et défendre la vie et les libertés individuelles de mes compatriotes, jeunes et innocents. Je porterai le brassard blanc car je n'appartiens à aucune de ces chapelles mortuaires, je ne me prosterne devant aucune de ces idoles et ne voue de culte à aucune de ces divinités chthoniennes.

Nous suffoquons ici, car cet air nauséabond s'infiltre partout, insidieusement et se mêle de notre intimité et de nos convictions personnelles. Nous sommes acculés au désespoir, condamnés à l’errance, rendus étrangers dans notre pays que nous ne reconnaissons plus, étrangers à nous même…

Ne cherchez pas à savoir qui je suis et d'où je viens. Je suis déjà en exil dans le futur. Je suis et nous sommes tous le futur. Passéistes, obscurantistes, affairistes… Votre temps est révolu, allez-vous-en calmement, s’il vous plaît.

Raya Ben Guiza-Verniers

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